Blason

Publié le 7 mars 2022 à 18:54

Blason : Poème faisant l'éloge d'une partie du corps féminin

Il existe également des contre-blasons qui font la satire d’une partie du corps féminin. À l’origine le blason décrit les symboles représentés sur les boucliers de la chevalerie comme moyen d’identification lors des tournois médiévaux. Clément Marot, au 16ème siècle, publie un recueil intitulé « Épigrammes » (1535) portant le premier blason poétique, « Blason du Beau Tétin », qui devient très rapidement populaire ...

 

Clément Marot, au 16ème siècle, publie un recueil intitulé « Épigrammes » (1535), portant le premier blason poétique, « Blason du Beau Tétin », qui devient très rapidement populaire. Le genre sera repris par d’autres poètes inspirés par cette nouvelle forme élogieuse à l'égard du corps féminin avec des tendances tantôt amoureuses, sérieuses ou humoristiques.

Pour se distinguer à nouveau, Clément Marot écrit également un contre-blason reprenant le même genre, mais cette fois écrit de façon satirique à propos du corps de la femme, dans le but de s’en moquer comme dans « Blason du Laid Tétin ».

Ce qui suit est extrait de Wikipédia :

Caractéristiques du blason marotique

Le blason a une longueur limitée (30-40 vers), en octosyllabes ou en décasyllabes en rimes plates. Formellement, les blasons fonctionnent souvent par la partie du corps féminin choisie comme thème d'où l'utilisation anaphorique de l'apostrophe. Exemple chez Marot :

Tetin refaict, plus blanc qu'un œuf,
Tetin de satin blanc tout neuf,
Tetin qui fait honte à la rose,
Tetin plus beau que nulle chose.

Le ton des blasons est varié : courtois, spirituel ou grivois dans les blasons, exemple : La joue Eustorg de Beaulieu

Très belle et amoureuse joue
Sur laquelle mon cœur se joue
Et mes yeux prennent leur repas

Il est aussi naturaliste et satirique dans les contre-blasons qui concerne le tétin, la main, la cuisse, le cul, le pied (Ex : « Tetin, dont le bout tousjours bave,/ Tetin faict de poix et de glus », Marot - « Et si au nez il y a quelque crote/ Convient à la main de l'ôter », contre-blason du nez, Ch. de La Huetterie7) avec une utilisation régulière de métaphores. Exemple : Blason du ventre, Cl. Chapuys

Ventre qui jamais ne recule
Pour coup d'estoc ou bien de taille
En escarmouche ou en bataille »

Des sous-genres particuliers comme le blason animalier apparaîtront par la suite. Exemple : Rémy Belleau (1528-1577) Le ver luisant de nuit

Jamais ne se puisse lasser
Ma Muse de chanter la gloire
D'un Ver petit, dont la mémoire
Jamais ne se puisse effacer :
D'un Ver petit, d'un Ver luisant,
D'un Ver sous la noire carrière
Du ciel, qui rend une lumière
De son feu le ciel méprisant.

Prolongements

Le genre s'est perpétué de manière souple en restant dans la veine traditionnelle du poème descriptif de la figure féminine. On rattache ainsi au genre du blason des sonnets du XVIe siècle de Ronsard comme "Marie, vous avez la joue aussi vermeille..." qui chante les différents éléments du visage de la femme et ses seins, ou de Du Bellay,"O beaux cheveux d'argent…", (1556) qui évoque le corps entier de la belle (visage, seins, cuisses...)

O beaux cheveux d'argent mignonnement retors !
O front crespe et serein ! et vous face dorée !
O beaux yeux de cristal ! ô grand'bouche honorée,
Qui d'un large reply retrousses tes deux bords !

Ou encore le poème de Paul Scarron (1610-1660), "Vous faites voir des os quand vous riez, Heleine..." qui traite lui aussi du corps entier, ce qui est rare dans le blason marotique.

Vous faites voir des os quand vous riez, Heleine,
Dont les uns sont entiers et ne sont gueres blancs ;
Les autres, des fragmens noirs comme de l'ebene
Et tous, entiers ou non, cariez et tremblans.

Les siècles suivants offrent aussi des poèmes de même nature (évocation du corps féminin) que l'on qualifie fréquemment de blasons, par exemple La Courbe de tes yeux de Paul Éluard (1926), centré sur les yeux et le regard de la femme aimée :

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sur,

Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu

C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

(...)
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Ou l'hymne d'André Breton (L'Union libre, 1931)

Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
À la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de dernière grandeur

Ou plus explicitement Georges BrassensLe Blason, (1960-62)

Ayant avec que lui toujours fait bon ménage,
J'eusse aimé célébrer, sans être inconvenant,
Tendre corps féminin, ton plus bel apanage,
Que tous ceux qui l'ont vu disent hallucinant.

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